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Le "Retable de Montbéliard" est sans conteste, I'oeuvre la plus magistrale de la peinture biblique protestante du temps de la Réforme tant par ses dimensions que par le sujet traité (toute la vie du Christ selon les évangiles).

 

Véritable "bande dessinée" biblique avant la lettre, cette oeuvre se lit comme un livre en tournant les 6 panneaux mobiles sur lesquels sont peints par tableaux distincts (de 40 sur 27 cm) une large sélection de scènes des évangiles.

 

L'ensemble mesure 185 cm de hauteur et se déploie sur 4 mètres de large lorsque le retable est ouvert.Le style pictural de ces tableaux rompt définitivement avec la peinture religieuse du Moyen-Âge : peinture réaliste et actualisante. Les auréoles ont disparu et les scènes bibliques se trouvent transposées dans les paysages et la société de l’Allemagne du Sud contemporaine à l’artiste. L'oeuvre n'est pas signée et son histoire reste soumise à la conjecture.

 

L'hypothèse la plus vraisemblable est que ce retable est une commande du comte Georges, prince de Montbéliard, qui souhaitait posséder une oeuvre emblématique attestant son nouveau choix de la Réforme de l’Église prônée par le moine Luther. La réalisation de l’oeuvre est le fruit d’une collaboration avec un cercle de peintres d’Herrenberg dont le maître oeuvre fut Heinrich Füllmaurer et son ami théologien Gaspard Gretter qui a proposé les 158 citations bibliques à illustrer. Il faut souligner ici l’étonnant effort d’imagination du peintre, car beaucoup de scènes n'avaient jamais été peintes auparavant.

 

L'originalité du retable tient au fait qu'il associe le texte biblique avec une image qui en est la fidèle traduction, rappelant ainsi le grand principe de la Réforme de revenir aux textes originaux : la Bible comme source d’autorité.

 

On doit à un Autrichien Heinrich Modern, avocat, mais surtout grand connaisseur d’art au XIXe siècle d'avoir fait le lien entre le retable qui se trouve actuellement au Musée d'art historique de Vienne et la description qu’en donne en 1616, un autre spécialiste Philipp Hainhoffer qui confirme sa présence à Montbéliard. La suppression de la messe en 1538 et l'enlèvement des images et statues catholiques permettent de supposer que le retable aurait été dans la chapelle du Comte et serait resté à une dizaine ou une vingtaine d’années avant d’être rapatrié à Stuttgart et placé dans le cabinet de curiosités du duc créé en 1595. Il n’y restera pas longtemps, car à la suite du conflit armé qui oppose la Maison d’Autriche catholique aux princes protestants, le Wurtemberg est pillé et le retable prit comme butin de guerre et transporté en Autriche…

 

Il est encore aujourd’hui au Musée d’Art de Vienne